Venise le Lion de Saint Marc

Venise
le Lion de Saint Marc

Le colloque qui a eu lieu le 24 avril 1996 au Musée Correr de Venise a été la première manifestation internationale de notre séminaire universitaire. Est prévue à l’avenir l’organisation de plusieurs autres journées internationales à Milan, Francfort et Madrid pour créer une véritable synergie entre tous les acteurs intéressés. Si Venise a été choisie être le lieu d’une première manifestation, c’est évidemment en raison des nombreux projets de cette ville dans le domaine des nouvelles technologies.

Par ailleurs, on a voulu promouvoir l’utilisation des aujourd’hui des visioconférences, notamment pour permettre à des spécialistes des secteurs culturels et des musées d’intervenir dans les universités et les institutions d’enseignement, pour cela ont été choisie les solutions les plus simples et les moins coûteuses.
La journée a ainsi débuté avec une intervention d’Hellène Waysbord, Inspecteur Générale de l’Education Nationale en France, auteur d’une importante étude sur l’apport de la télévision dans le domaine de l’enseignement. Une conservatrice du Château de Versailles a ainsi pu dialoguer avec les organisateurs et montrer les radiographies d’un tableau de Veronese actuellement en restauration ; la qualité de l’image permise par les techniques les plus récentes permet un échange de haut niveau dont l’éducation devrait pouvoir bénéficier au plus vite.

Sont intervenus de même Jean Pierre Mohen, directeur du LRMF et Ulrich Lang, responsable de l’Université Virtuelle de Berlin, inaugure ce même jour en Allemagne. A la fin du colloque, devant les statues de Casanova de la Salle du bal, un texte a été lu, ce texte a été désigné par les participants au colloque et par ceux qui en ont lu des comptes rendus de presse comme « l’Appel de Venise ».

L’APPEL DE VENISE DU 24 AVRIL 1996

Réunis à Venise, mobilisés autour des objectifs du colloque « Art, enseignement et multimédia » Nous appelons tous les enseignants et collègues du monde de l’éducation et de la formation à emprunter des aujourd’hui LES VOIES D’UNE MUTATION PEDAGOGIQUE RADICALE pour répondre aux défis qui sont aujourd’hui ceux de la transmission du savoir.

LE TEMPS NOUS EST COMPTE

Alors même qu’en ce printemps 1996 s’accentue une véritable prise de conscience des problèmes de l’université et de l’ensemble des instances d’enseignement en Europe, l’évolution technologique -avec une rapidité probablement sans égale dans notre historie – fourni un certain nombre de clefs, de pistes, voire de solutions.
Il convient ainsi de mettre en ouvre d’urgence toutes les solutions disponibles pour le développement de l’éducation à distance, au sein duquel il faut faire s’ouvrir et collaborer entre les institutions museales, culturels et éducatives.
S’il est indispensable de veilleur à une véritable mise à disposition de terminaux web, nous constatons que fait toujours défaut une réelle incitation à ouvrir aux citoyens de l’Europe bases et banques de données détenues par l’ensemble des institutions publiques. Il est urgent de développer de véritables projets de services en ligne de manière à intégrer l’utilisation des réseaux au cœur de l’ingénierie didactique.

Nous appelons les industriels européens à s’unir aux universités et à tous les lieux ou l’élaborent et se diffusent les connaissances. Il en va de l’intérêt de chacune de parties, mais aussi de la crédibilité même de nos sociétés pour lesquelles informer et savoir sont devenues des fonctions vitales. Il est urgent de soutenir de toutes les manières une véritable industrie des contenus dans le domaine du multimédia.

La technologie pour la technologie ne saurait répondre à nos attentes. Les dernières percées technologiques au service du savoir et de la diffusion doivent au contraire mobiliser toutes nos origines fondatrices de l’acte pédagogique et aux idéaux qui l’ont toujours porté en Europe.

Nous proposons que dès que possible puisent se réunir dans chaque établissement d’enseignement des groupes informels et ouverts d’enseignants prêts à toutes les ruptures et à toutes les expériences.
Nous proposons que s’identifient dans chaque lieu de prise de parole démocratique – et singulièrement dans les lieux de réunion des représentations nationales – des cercles ouverts ou chacun pourra s’informer et revendiquer pour son champ propre de compétence un droit véritable et inaliénable à l’innovation sur le terrain de la diffusion des connaissances.

DE LA JOURNÉE DU 24 AVRIL NOUS POUVONS TIRER DES A PRÉSENT QUELQUES CONSTATS ET PROPOSITIONS

1. La mise à disposition des structures éducatives du matériau d’informations disponibles dans les institutions culturelles publiques au travers des nouveaux supports d’information nous semble être aujourd’hui l’une des priorités majeures de la politique universitaire et éducative dans les semaines qui viennent.

Les participants au colloque ont souhaité en effet vivement que ce concept fasse partie des propositions concrètes avancées tant dans le cadre des actuelles consultations sur l’avenir de l’université que dans celles de la commission chargée en ce moment même d’établir la nature de l’action future du Ministère de la Culture.

2. De nombreuses instances dans le domaine des réseaux et des transports de l’information connaissent actuellement une forte mutation ou encore sont en instance de création. Ainsi en est-il du comité de Télématique qui doit être institue -suite au récent « amendement Fillon  » pour suivre notamment l’évolution d’Internet. Le monde de l’éducation semble devoir non seulement être directement représenté en de telles instances.
Mais surtout se faire l’écho des demandes innombrables de tous ceux qui sont investis d’une mission de formation et d’éducation. Connecter les établissements ne suffit pas, la réflexion autour de « Renater II » s’avère à ce jour souvent dépourvue de contenu comme l’a démontré le séminaire organisé sur ce thème à Jussieu le 12 avril dernier. Une action forte avec des propositions concrètes et immédiates en la matière sous semble urgente.

3. La présence française dans le domaine « éducation et nouvelles technologies » n’est guère suffisante – notamment au niveau de la réflexion sur le contenu – (en dehors bien sur de vagues propositions institutionnelles souvent sans impact sur les réalités éducatives). La méconnaissance des mécanismes communautaires. Mais aussi des pratiques des institutions partenaires semble être à la source de multiples tentatives vouées à l’échec.

Une action forte est à ce jour indispensable pour retrouver la place qui devrait être la nôtre dans les futurs projets européens en la matière. Ce d’autant plus qu’une date constitue ici un rendez-vous majeur: celle de l’appel d’offres conjoint de toutes les Directions Générales de la Commission le 15 décembre prochain en matière de multimédia éducatif. La rentré 1996 apparais ainsi comme un moment de vérité : tant d’universités étrangères recherchent ainsi un partenariat français fort pour tels projets : il a été proposé à nos collègues de BERLIN et de MILAN de nous en parler.

4. La création d’un lien de réflexion et surtout d’action en la matière n’en est que plus urgente. Nous avons tente de faire le point sur la problématique des « nouvelles images  » et des nouveaux supports de transmission de connaissance, et ce en mettant en avant les recherches les plus novatrices en matière d’ingénierie didactique.
La journée du 24 avril a rassemblé 200 personnes qui avaient en commun avant toute la volonté de créer une véritable structure de réflexion et surtout d’action autour de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’éducation. Beaucoup reste naturellement à faire pour compléter un tableau encore bien incomplet des secteurs ou une telle réflexion se fait indispensable.
On ne peut être que surpris à ce propos par l’extraordinaire pauvreté prospective de certaines analyses institutionnelles: dans le domaine de l’apprentissage des savoirs, Pierre Levy a évoqué récemment le rôle de ce que serons les agoras virtuelles ou encore des concepts comme ceux « d’écologie cognitive et d’épistémologie dynamique ». Ne convient-il cas d’en tenir très largement compte lorsque l’ont définit le devenir des institutions universitaires et éducatives ?

Il convient donc …
… des aujourd’hui mesurer l’importance des enjeux liés au développement des réseaux de communications et des mémoires numériques. Avec les nouveaux supports de l’information, nous sommes en effet en présence de modes originaux de création et de navigation dans la connaissance, qu’il s’agisse de l’hypertexte, du multimédia interactif, de la simulation et de la réalité virtuelle, de la télé présence, des collectivités – instruments d’aide à la coopération -ou encore des systèmes experts… les modes d’hybridation entre ces techniques et les médias « classiques » (de la télévision numérique aux musées) sont ainsi à prévoir dans les stratégies d’apprentissage.

Pour évaluer ces « nouvelles technologies », on ne saurait en effet se contenter d’évoquer les « autoroutes électroniques », le télétravail, les disques compacts interactifs ‘le DVD- et la réalité virtuelle : on perd de vue la continuité entre ces phénomènes et l’usage quotidien des technologies intellectuelles déjà en usage et tout le système intellectuel qu’elles construisent d’ores et déjà sous nos jeux, avec toutes les possibilités qu’elles offrent notamment dans le domaine pédagogique et qui devraient faire l’objet de choix et de jugements de la part des enseignants face à un nouveau type d’organisation des savoirs, reposant largement sur les possibilités de représentation et de gestion des connaissances.

Le face-à-face de l’image fixe, image animée, son, simulations interactives, cartes interactives, systèmes experts, idéographies dynamiques, réalités virtuelles, le tout caractérisé par une dématérialisation des séparations entre les savoirs qui dissout les différences entre les spécialistes et l’organisation figée des savoirs en disciplines discrètes et hiérarchisées !
La réflexion se fait urgente sur un tel espace de représentation dynamique et interactive qui sont souvent susceptibles de fournir de vraies réponses à bien des difficultés actuelles du système éducatif. Internet par exemple est devenu un lien majeur de discussion et d’élaboration collective. Mises en réseau les connaissances ne sont plus séparées des enjeux concrets qui leur donnent sens, ni des pratiques qui les engendrent et qu’elles modifient en retour.

Il ne tient en réalité qu’à nous que le monde des réseaux qui se prépare et sur lequel se ruent toutes les entreprises et toutes les institutions sans exception, ne soit pas devenu à la fin de l’an prochain celui du seul commerce électronique, mais aussi celui d’un nouveau regard sur l’art, le savoir et la création : un nouvel horizon de formation, comme le soulignent les recommandations de l’Appel de Venise qui a clôturé le colloque.

Les intervenants ont, en outre, bien montré que nous ne maîtrisons encore que fort peu les processus d’une didactique rigoureuse d’utilisation des matériaux multimédias dans le cadre d’un cours ou d’une séance d’apprentissage – nous pensons tout particulièrement à la démonstration réalisée par nos collègues de l’Instituto Plurimedia de l’université de Venise.
Les évaluations des apports de ces matériaux ‘spécifiques ou non -, dans la mesure où elles existent, sont rarement portées à la connaissance de l’enseignant et n’arrivent guère jusqu’à lui. Le résultat est particulièrement frappant pour ce qui est du multimédia on line et des tentatives de mise en réseau de textes provenant d’établissements d’enseignement : interactive défaillante, hypertexte inexistant…

Les cours sur Internet n’atteignent ainsi pas à ce jour le stade minimal de ce qu’ils peuvent apporter: là, le matériel provenant des musées et des institutions culturelles peut aider à aller plus loin pour réaliser un cours.

Colloque 24 avril 1996: Jornada_fundadora_arenotech

Média: Média_du 24 avril 1996 GRAMAL: arenotech_1996

Venezia virgine

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